CHATROUSSE
A sculpture française affirme, de jour en jour, | et jour pour l'élever le mieux possible, il dut, dès l'âge de onze
sa personnalité. A cóté des maitres qui se ans et demi, entrer en apprentissage chez un graveur-ciseleur en
bornent à perpétuer les traditions Gréco- bijoux. L'enfant nourrissait dėjà des idées de poésie et d'art qu'il
ne refoulait qu'à regret pour gagner de quoi rendre moins lourde
romaines, de grands artistes, à la suite de
Rude, pensent justement 'que l'Art, tout en
restant l'Idéal, doit varier selon les milieux
la tâche maternelle.
En grandissant, il se sentit de plus en plus entrainé vers les
qu'il habite, reproduire les types, refléter les idées du peuple qu'il | Lettres et les Beaux-Arts; aussi négligea-t-il peu à peu son métier
afin de s'instruire lui-
mėme. Mais de quel
côté devait-il diriger
traduit et s'inspirer
des moeurs et cou-
tumes du siècle dans
son esprit ? Etait-ce
dans la poésie, la pein-
ture ou la sculpture
qu'il devait trouver à
la fois la satisfaction
de ses penchants ar-
tistiques et la possibi-
lité de subvenir aux
nécessités de l'exis-
tence ? Absolument
isolé, il n'avait à
compter que sur lui-
même. La littérature,
pour laquelle il avait
une prédilection mar-
quéelui paraissaitina-
bordable; car com-
ment en vivre ! II
n'en ébaucha pas
moins quelques lam-
beaux de drames et
de romans. Ses pre-
miers travaux dans la
lequel il prend nais-
sance.
En effet,-comme
l'écrivait si bien Cha-
trousse dans le jour-
nal l'Artiste, en ren-
dant compte des tra-
vaux de la statuaire à
l'exposition univer-
selle de Londres, en
1862:
« Ce serzit nier
» l'histoire, le pro-
» grès, l'âme hu-
D maine et les des-
» tinées providen-
» tielles du monde,
» que de croire que
» l'idéal d'un peuple
» peut, à tant de siè-
» cles de distance,
» devenir çelui d'un
» autre peuple si di-
» versement doué,
» alors surtout que
gravure et la ciselure
le conduisaient au
contraire vers la scul-
» le monde a été re-
» nouvelé par tant et
» de si profondes ré-
» volutions. »
pture. Aussi, après
quelques années de
tåtonnement, d'illu-
sions et de décep-
tions, prit-il un jour
une résolution défi-
nitive et s'écria-t-il à
l'instar du Corrège :
« Anch io son sculp-
L'artiste qui pro-
fesse de telles idées
et sait les exprimer
si nettement, fait évi-
demment partie de ce
groupe de chercheurs
infatigables qui, sans
nierlepassé,n'en veu-
lent retenir qu'une
seule chose : l'Art de
formuler la beauté, et reportent toutes leurs inspirations et leur pendant plusieurs années ? cela est tout un problème. Je me rap-
science vers un idéal nouveau qui soit bien l'expression du génie pelle ce qu'il me conta jadis à cet égard et ce souvenir me rend
tore, »
CHATROUSSE
Il abandonna donc
sa profession et par
conséquent son gain.
Comment vécut-il
national.
encore le ceur tout ému.
Chatrousse (Emile) est né à Paris, en 1827. Son entrée dans la
vie fut loin d'être heureuse, si le bonheur consiste dans le bien-être réver sous les ombrages du Jardin des Plantes. Il y vit des artistes
matériel. Resté seul avec une mère qui l'adorait et travaillait nuit peignant ou modelant des animaux, et cela le tenta. Ces artistes
Habitant alors l'ile Saint-Louis, il allait, aux heures matinales,
GALERIE CONTEMPORAINE, 126, boulevard de Magenta, Paris.
Clicié NADAR, 51, re d'Anjoe-Saiat-llensié.